Merci à Philisine pour l'envoi de ce livre voyageur.
Quand la passion nous envahit, elle nous bouleverse, nous inquiète, elle bouscule tout sur son passage, elle demande un investissement total, un renoncement à une partie de soi parfois impossible.
Pour Bjarni, éleveur de brebis islandais, la passion a pris les traits d’Helga.
Aujourd’hui, il vient de perdre sa femme et vit ses dernières années dans une maison de retraite, mais il a décidé d’adresser une lettre à Helga pour lui révéler la puissance de ses sentiments.
Quand, encore jeune, sa femme a du subir une opération la rendant stérile, cette impossibilité de construire une famille a détruit leur couple, Bjarni s’est jeté corps et âme dans sa vie professionnelle.
Helga, à cause d’un mari toujours absent, dirigeait seule sa ferme et ce sont les moutons qui les ont rapprochés. La beauté de cette femme l’a séduit, ensorcelé. Il n’a pas pu résister longtemps à l’appel de ses sens et l’année où ils ont vécu pleinement leur amour a été la meilleure de toute son existence.
Puis Helga lui a demandé de quitter tout pour partir à la ville, vivre ensemble leur amour en plein jour.
Pour Bjarni, quitter son village c’était rompre la promesse faite à son père de ne jamais abandonner la terre de ses ancêtres. Il savait qu’il ne pouvait vivre loin de cette nature ancrée en lui et indissociable de sa vie.
« Loin des gens cachés sur les pentes. Loin des roches auxquelles je parlais quand j’étais enfant. Loin du marais au linaigrettes et de la butte qui recelait d’anciens mystères. Là où j’avais tiré un renard en train de chier. »
Lâchement ou inconsciemment, il a fermé sa porte à l’amour de sa vie.
« Mais le désir de toi était dans ma chair. Parfois, ça me faisait peur. Une fois, peu après la fin de l’hiver, je me suis réveillé debout dans le pré, en caleçon long pour tout appareil, et avec une de ces érections ! Dieu merci c’était aux aurores, et sans témoin, à ma connaissance. J’avais donc été somnambule, j’avais rêvé de toi. »
Ce qui m’a profondément touchée, dans ce roman, et qui en fait, un vrai coup de cœur, c’est le style. L’auteur a su retranscrire l’âme de ce paysan, la simplicité et la poésie d’une vie rustre et sauvage, au plus près de la nature, tellement brute mais forte dans ses sentiments.
Ici aucune fioriture, aucun faux-semblant, mais une sincérité troublante.
voici l'avis de Philisine