J’avoue qu’Amélie Nothomb ne faisait pas partie de mes auteurs favoris ; après un mauvais souvenir suite à la lecture de « Stupeur et tremblement » j’avais décidé d’écarter cette auteure de ma bibliothèque mais une collègue m’a conseillé de lire son premier roman et je ne regrette pas d’être revenu sur ma décision.
Un écrivain célèbre, prix Nobel de littérature n’a plus que deux mois à vivre et les journalistes se pressent pour l’interviewer sur son parcours littéraire.
Cet homme, obèse, possède un physique plutôt rebutant.
« Quatre mentons, des yeux de cochon, un nez comme une patate, pas plus de poil sur le crâne que sur les joues, la nuque plissée de bourrelets, les joues qui pendent….. »
Il est réputé pour terroriser son personnel et les quatre journalistes qui le questionnent ressortent démolis de leur rencontre. Il est de mauvaise fois, ne supporte pas la contestation et prend un malin plaisir à tyranniser les êtres humains.
Le cinquième interview est réalisé par une femme et compte tenu de la misogynie qu’il affiche, cette rencontre semble vouée à l’échec, mais Nina a étudié son œuvre et sa vie dans les plus brefs détails et rapidement le masque de l’écrivain tombe pour nous révéler son terrible secret.
Amélie Nothomb a choisi le dialogue pour restituer ces échanges torturés et même si son style manque de simplicité (je renonce à lire avec un dictionnaire) il rend parfaitement l’ambiance de ces duels.
Jusqu’à la chute, inattendue et intéressante cette histoire nous surprend.
Ce roman traite du pouvoir ; celui que donne la notoriété (le prix Nobel domine tous les journalistes par son seul titre) et celui que procure l’attachement amoureux qui amène l’aimant à se dévouer corps et âme à son amoureux et à se soumettre à tous ses désirs.
La domination est elle nécessaire aux rapports humains ?
Où sont les rêves d’égalité ?
« Ce sont surtout les femmes qui inventent les états d’âme, parce que le genre de travail qu’elles font laisse la tête libre. Or une des caractéristiques de notre espèce est que notre cerveau se croit toujours obligé de fonctionner, même quand il ne sert à rien : ce déplorable inconvénient technique est à l’origine de nos misères humaines. Plutôt que de se laisser aller à une noble inaction, à un repos élégant, tel le serpent endormi au soleil, le cerveau de la ménagère, furieux de ne pas être utile, se mets à sécréter des scénarios débiles et prétentieux- d’autant plus prétentieux que la tâche de la ménagère lui paraîtra basse. »
Un premier roman pour Anne