Je pense que les sensations que l’on retire de la lecture d’un livre dépend de la période ou on le lit de notre état d’esprit du moment, de notre aptitude à recevoir telle ou telle pensée.
Bizarrement, car il semble que je sois la seule, j’ai ressentie dans ce roman l’empreinte de la religion dans la vie de tous les jours à l’époque Victorienne en Angleterre.
Margareth, après avoir vécue une enfance teintée de rose au milieu de la bourgeoisie Londonienne, retrouve avec plaisir le monde rural du Sud de l’Angleterre ou vivent ses parents, mais sa famille quitte la région et s’installe dans une ville industrielle du nord .Elle découvre alors un monde nouveau, celui de l’industrie avec l’ambition des propriétaires de filature et la révolte des ouvriers avec les premières grèves. Ses sentiments se trouveront malmenés entre son désir d’améliorer la vie des pauvres gens et son amour pour, John, un ambitieux directeur d’usine.
Je suis athée et même si je respecte les croyances de chacun j’ai du mal à accepter la soumission des hommes face à la religion.
Elizabeth Gaskel retrace ici le portait d’une jeune fille tellement conditionnée par son éducation religieuse qu’elle ne laisse aucune place à son ressenti.
Dans la première partie du roman le père de Margareth est en proie au doute sur son intégrité en temps que pasteur et il n’hésite pas à sacrifier sa famille en décidant de quitter la région appréciée par sa fille la réponse qu’il lui donne : « Ma petite fille ! dit il en l’attirant contre lui, pense aux martyrs des premiers jours ; pense aux milliers qui ont souffert. »
La souffrance est elle nécessaire pour être en phase avec la religion ?
Quand Margareth découvre la misère ouvrière alors qu’elle est au chevet d’une jeune fille atteinte d’une maladie pulmonaire due au travail à la filature Margareth lui propose « ne craignez rien, Bessy, dit Margareth en posant sa main sur celle de la jeune fille, Dieu peut vous donner un repos plus parfait que toute l’oisiveté de la terre, ou que le sommeil du tombeau. »
la foi est la drogue du peuple c’est vrai que c’est dans les pays les plus pauvres que la religion est la plus forte, elle permet d’espérer une vie meilleure après la mort et d’accepter les souffrances journalières ….
Les maîtres de maison entretiennent la foi de leur personnel, la religion est utilisée pour asservir le personnel « Elle ne fut pas fâchée de voir les domestiques arriver à dix heures en procession pour la prière du soir C’était toujours sa mère qui s’en chargeait, après avoir fait au préalable la lecture d’un passage de la bible. »
Quand John lui déclare ses sentiments Margareth est surprise par la puissance de cette déclaration, la rigueur de son éducation ne laisse aucune place aux pulsions : « Vous paraissez vous croire souillée par l’amour que je vous porte. Vous ne pouvez y échapper. D’ailleurs, même si je le voulais, je ne pourrais vous en laver. »
Lorsqu’elle est amenée à mentir pour sauver son frère, elle se sent coupable de ce relâchement dans sa conduite. Pour être en accord avec la religion elle n’accepte pas les imperfections qui fondent la personnalité humaine.
En me conseillant cette lecture Syl m’a offert un beau portrait de femme.
Dans cette société plutôt rigide du XIXeme siècle, le rôle de la femme est de s’effacer devant les membres de sa famille et de se dévouer entièrement à leur bonheur.
Quand au décès de ses parents Margareth se retrouve seule, elle n’a pas le choix de son avenir, aucune liberté ne s’offre à elle, elle doit rejoindre les membres de sa famille qui vont lui chercher un époux. La femme n’existe que par rapport à l’homme, son père, son parrain, son époux ….