Sur ce thème de l’après guerre j’ai adoré Le rapport de Brodeck
Dans ce livre Philippe Claudel traite avec brio (je suis une fan) du poids de la mauvaise conscience chez l’homme.
Quand Brodeck s’est installé dans le village, il a été bien intégré, mais pendant la guerre quand les allemands ont réclamé des dénonciations pour épurer le village, ceux qu’il prenait pour ses amis n’ont pas hésité à l’envoyer en camp de concentration et pendant son absence à accompagner ceux qui agressaient sa femme.
Le plus difficile pour les villageois, c’est le retour de Brodeck, rescapé des camps de la mort qui leur rappelle leur culpabilité.
Quand un étranger s’installe au village, un homme qui ne donne pas son nom qui étudie le village et ses habitants pour en faire des esquisses…
C’en est trop pour les villageois, ils se sentent épiés et les mauvaises actions qu’ils ont sur la conscience les taraudent, ils décident d’assassiner l’étranger et de demander à Brodeck de faire un rapport sur cet évènement, un moyen de lui faire comprendre que lui aussi doit disparaître pour faire effacer les traces du passé.
En même temps qu’il rédige son rapport, Brodeck raconte sa vie et chaque chapitre est l’objet d’une réflexion.
Il raconte comment l’homme face à la faim, à la soif à la peur retrouve un comportement animal où l’égoïsme prime annihilant tous ses sentiments humains.
Dans les camps il montre jusqu’ou l’esprit de domination a pu conduire certains hommes allant jusqu’à traiter les prisonniers comme des chiens, juste pour assouvir leur soif de pouvoir.
On découvre aussi dans ce livre la force de caractère qui a permis à Brodeck de tout supporter pour retrouver sa femme
A la suite de toutes ces souffrances, pour pouvoir se reconstruire il faut savoir oublier et refuser de connaître une vérité insupportable.
« Comment la mémoire de certains retient-elle ce que d’autres ont oublié ou n’ont jamais vu ? Qui a raison de celui qui ne se résout pas à abandonner dans le noir les moments passés et de celui qui précipite dans l’obscurité tout ce qui ne l’arrange pas ?
Vivre continuer à vivre, c’est peut être décider que le réel ne l’est pas tout à fait, c’est peut être choisir une autre réalité lorsque celle que nous avons connu devient un poids insupportable ? »
Cette citation est hélas toujours d’actualité , elle me ramène à une rencontre avec une auteur algérienne, Maïssa Bey qui expliquait que le gouvernement actuel n’avait pas puni tous les méfaits, et demandaient au peuple d’oublier le passé. Mais comment une mère, une femme peut-elle côtoyer ceux qui ont tué son fils son père son mari ?