Depuis que le jeune Sila a quitté son désert africain, sa bonne étoile l’a protégé. Aide cuisinier sur le cargo qui l’amène en France, il réussit a obtenir des papiers et à devenir serveur dans un grand restaurant parisien.
Un jour de juin 1995, alors qu’il assure son service, il est violemment frappé par un client américain.
Autour de lui personne n’intervient.
Ni Shoshana, la femme de l’agresseur qui est déçue de découvrir autant de violence chez celui qu’elle admire depuis l’adolescence alors qu’il était la vedette de son équipe de football américain.
Ni le couple russe de la table voisine, Lev Kravchenko, chercheur à l’institut d’économie de Moscou admiré pour son éloquence et son intelligence qui travaille avec le gouvernement à l’après Pérestroïka , et sa femme l’élégante Elena, professeur de philosophie étonnée de l’absence de réaction de son mari devant l’injustice de ce geste .
Ni ces deux jeunes français ; Simon, passionné de mathématiques qui fête son emploi dans la finance avec son colocataire Matthieu à l’origine de son abandon de la recherche pour faire de l’argent dans le milieu bancaire.
Cet incident qui a démontré la violence des uns et l’indifférence ou la lâcheté des autres va peser sur leur destin.
A travers ces personnages Fabrice Humbert évoque l’évolution de la mondialisation, la soif de l’argent et du pouvoir dans notre société contemporaine.
Ce roman m’a réellement captivé. Il permet de comprendre comment les hommes se sont laissés étouffés dans les tentacules du capitalisme.
Un coup de cœur… et j’aimerai connaître d’autres impressions sur cette lecture.
« Dans le magasin de chaussures ou Matthieu l’avait conduit, un vendeur lui avait demandé avec une élégance tout à fait bouleversante :
-c’est la première fois que vous êtes client chez John Lobb ?
Et ce dépucelage de cuir, enveloppé d’un discours très instructif sur le respect qu’on devait aux chaussures, nécessairement mises au repos pendant trois jours après une journée d’utilisation, de sorte qu’un véritable Johnn Lobber se devait d’en posséder quatre paires, l’avait fasciné, parce qu’il se sentait appartenir à une confrérie d’initiés, comme les rivaux sans doute, les propriétaires de Berluti. Une confrérie capable de dépenser un, deux ou trois salaires d’ouvriers pour une paire de chaussures. »