Julie Otsuka a choisi de nous plonger dans l’univers de ces japonaises émigrées aux Etats Unis au début du xxeme siècle, dans l’espoir d’une vie meilleure.
L’auteur a choisi d’utiliser la deuxième personne du pluriel « Nous » pour parler au nom de ces femmes. Au début de ma lecture, cette formulation m’a perturbée, derrière ce pronom il n’y avait pas d’individu pas de personnalité, mais j’ai réalisé qu’effectivement en utilisant ce « nous » l’auteur met l’accent sur le manque de respect le manque de reconnaissance de ces personnes.
Sur le bateau « Nous », femmes esclaves, obéissantes, disciplinées….
Nos parents ont vendu notre virginité à des japonais, installés aux USA, et à la recherche d’une épouse, mais nous rêvons devant les lettres et les photos trompeuses de nos futurs époux.
A l’arrivée, « Nous » femmes soumises..
Ils nous ont prises à la hâte, avec douceur,sans dire un mot…la réalité dans sa phase la plus crue.
Chez les blancs, « Nous » main d’œuvre japonaise calme et travailleuse …
La plupart d’entre elles faisaient à peine attention à nous. Nous étions là quand elles avaient besoin de nous et quand elles n’avaient plus besoin, pouf, nous disparaissions.
Avec les naissances, « Nous » la maternité non contrôlée….
Nous avons eu 6 filles et 3 garçons avant l’âge de 30 ans.
Avec les enfants le « Nous » du rejet…
Ils avaient honte de nous. De nos pauvres chapeaux de paille et de nos vêtements miteux. De notre accent prononcé. De nos mains calleuses craquelées. De nos visages aux rides profondes, tannées par des années passées à ramasser les pêches, à tailler les vignes en plein soleil Ils voudraient de vrais pères qui partent travailler le matin en costume-cravate et ne tondent la pelouse que le dimanche.
Puis le « Nous » de la rumeur, des soupçons, de la peur, de l’attente …
Nous avions effacé nos noms des boites aux lettres. Retiré les souliers posés devant nos portes. Nous n’envoyions plus nos enfants à l’école. La nuit nous tirions les verrous et nous fermions nos portes.
Puis après la disparition « Nous » devient « eux »
On s’inquiète pour eux, on prie pour eux, mais il faut bien continuer à vivre …
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