Quand Mr Linh découvre son fils et sa femme, tués par une bombe, il prend sa petite fille dans ses bras. Sang Diû est sa seule raison de vivre, elle représente toute sa famille et avec elle il va quitter son pays embarquer sur ce bateau qui l’amène sur la quai d’une ville inconnue.
Les émigrés sont hébergés dans un dortoir. Les familles qui l’accompagnent se moquent de lui.
Dans ce nouveau pays il est perdu jusqu’à ce qu’il rencontre sur un banc monsieur Bark, un retraité qui souffre aussi de la solitude depuis le décès de sa femme. Ces deux hommes qui ne parlent pas la même langue deviennent vite inséparables malgré toutes les embûches que la société pose sur leur chemin.
J’ai vraiment apprécié ce livre où se mêlent tristesse et espoir. Philippe Claudel définit parfaitement l’amitié entre ces deux hommes, ils ne peuvent pas communiquer puisqu’ils ne parlent pas la même langue et pourtant chacun à une oreille attentive aux propos de l’autre quand il raconte sa souffrance. Il démontre que la meilleure qualité d’un ami c’est l’écoute.
« Monsieur Linh attend que la voix reprenne. Sans qu’il sache le sens des mots de cet homme qui est à côté de lui depuis quelques minutes, il se rend compte qu’il aime entendre sa voix, la profondeur de cette voix, sa force grave. Peut être d’ailleurs aime t’il entendre cette voix parce que précisément il ne peut comprendre les mots qu’elle prononce, et qu’ainsi il est sûr qu’ils ne le blesseront pas, qu’ils ne lui diront pas ce qu’il ne veut pas entendre, qu’ils ne poseront pas de questions douloureuses, qu’ils ne viendront pas dans le passé pour l’exhumer avec violence et le jeter à ses pieds comme une dépouille sanglante. »
La communication s’établit entre les deux hommes par des gestes simples, une main sur une épaule, puis des petits cadeaux chacun recherche l’étincelle qui brille dans le regard de l’autre et qui prouve sa joie et son émotion. Ils se retrouvent tous les jours, la présence de l’autre devient indispensable et quand la vie les sépare, Monsieur Linh tente tout pour retrouver ce nouveau bonheur.
Ce livre écrit comme un conte m’a profondément touché, Philippe Claudel qui est un de mes auteurs préférés sait faire vibrer la corde sentimentale qui est en nous.
Toujours il y a le matin
Toujours revient la lumière
Toujours il y a un lendemain
Un jour c’est toi qui seras mère