Quand un père, certes âgé et handicapé par la maladie, demande à sa fille de l’aider à en finir avec la vie, tout se bouscule dans sa tête.
Les parents donnent naissance aux enfants, mais est ce que les enfants doivent donner la mort à leurs parents, quand la maladie et la vieillesse ont détruit tout ce que l’on peut considérer comme la dignité humaine ?
Emmanuèle Bernheim réussit à traiter ce sujet tabou de l’euthanasie avec une certaine légèreté.
Le fameux papa, n’est pas de tout repos, mais plutôt du genre gentil/bougon, et il ne facilite pas la tâche de ses filles.
Jusqu’à la phrase finale : « tout s’est bien passé » qui telle un couperet rompt le lien physique avec l’être aimé, l’auteur évoque les nombreux questionnements, les doutes et les peines des deux sœurs, face au rôle déterminant que leur père leur a donné, dans son souhait de fin de vie.
Même si on est totalement pour l’euthanasie, ce qui est mon cas, la réalisation de cet acte s’avère réellement difficile. La société française n’apporte actuellement aucune aide à la pratique de l’euthanasie et le choix de ce parcours pour un des membres de sa famille semble, au regard de ce récit, d’une réalité psychologique éprouvante.
Pourtant le désir de finir sa vie dans la dignité, est le souhait de chacun, et la souffrance devant la déchéance de ses proches reste humainement invivable.
« Sa tête retombe.
-Ce n’est plus moi.
Une larme apparaît au coin de sa paupière, court sur sa tempe, et se perd près de son oreille, là où autrefois il s’était laissé pousser des rouflaquettes dont nous plaisantions.
Je ne peux pas le laisser comme ça.
- Papa, qu’est ce que tu veux que je fasse ?
Sa réponse vient tout de suite .D’un coup. Nette.
- Il faut absolument que je disparaisse.
Cette fois, je ne m’enfuis pas.
Il me regarde. Je le regarde.
-d’accord.
Que puis-je lui dire d’autre ?
Il a un petit mouvement sec du menton, un acquiescement.
Et d’un geste impatient de la main, il me signifie que je peux partir. Je t’ai assez vue.
J’en reste un instant bouche bée.
Et j’éclate de rire.
He is back. »
Pour complèter ce sujet lisez l'avis de Nadael et de ses amies