Encore un livre sur la différence.
Avant de se connaître soi même, on se retrouve dans le regard des autres, on s’identifie à un groupe, on recherche nos points communs avec les membres de notre famille.
La maman de cette petite fille est italienne, blonde aux yeux clairs et son papa a la peau brune et les yeux noirs des arabes. Leurs enfants sont tout mélange. Qui est elle ? Ni italienne, ni arabe.
Cinquième de sa fratrie, elle est trop petite pour les confidences et ne comprend pas pourquoi ils quittent l’Algérie où elle est née et s’exilent en France au bord de l’Atlantique. Là non plus elle n’est pas chez elle.
Pour le regard de son père, elle donnerait tout, mais il est resté ailleurs.
L’image féminine que lui transmet sa mère, se limite à l’exécution des tâches ménagères l’humilité et la disponibilité, même le petit crayon qu’elle conserve dans son tablier est réservé à la liste des courses.
La petite, elle, a découvert le pouvoir des mots, ils lui offrent l’oreille attentive de sa mère.
Avec l’écriture, elle a découvert son moi.
En quelques chapitres (une centaine de pages) Jeanne Benameur décrit avec tendresse le monde de son enfance.
« Au bout des marches qui mènent à la Pergola, le bar ou nous n’allons jamais nous rafraîchir, les chaises de bois vert-blanc toutes mangées par le vent et la pluie, sont pliées, tenues ensemble par une longue chaîne.
Nous allons partir. Je suis arrachée. Je n’ai rien dit mais je sais que je ne le retrouverai jamais, mon briquet. »