Mathilde et Thibault ne se connaissent pas mais au fil des pages le lecteur rêve de les voir se rencontrer, unir leurs solitudes pour sortir de cette violence urbaine.
Quand Mathilde se voit rejetée de sa vie professionnelle tout bascule.
« Au début de tout, il y a cette réunion, aussi absurde que cela puisse paraître. Avant ça, il n’y a rien. Avant ça, tout était normal, suivait son cours. Avant ça, elle était l’adjointe du directeur de marketing de la principale filiale Nutrition et santé d’un groupe alimentaire international. Depuis plus de huit ans. Elle déjeunait avec des collègues, allait à la gym deux fois par semaine, ne prenait pas de somnifères, ne pleurait pas dans le métro ni au supermarché, ne mettait pas trois minutes pour répondre aux questions de ses enfants. Elle allait à son travail comme tout le monde, sans vomir un jour sur deux en descendant du train
Est -ce qu’il a suffit de ça, une réunion, pour que tout bascule. »
Thibault est au plus mal depuis qu’il a pris la décision de quitter la femme qu’il aime plus que tout.
« Mais très vite il s’est heurté à elle. Heurté, le mot lui était venu. Très vite il s’était heurté à sa réserve, à sa distance, à ses absences. Très vite il avait compris qu’elle ne pouvait l’aimer qu’à l’horizontale, ou quand il la tenait par les hanches au dessus de lui. Ensuite il la regardait dormir de l’autre côté du lit, d’un sommeil profond, lointain. Dès le début, il s’était heurté à cet air d’indifférence qu’elle opposait à toute tentative d’effusion, à son visage fermé des lendemains, à son image maussade des fins de week-end, à son inaptitude aux plus élémentaires adieux »
Quand l’affectif est touché, la douleur est telle que l’individu perd le contrôle.
En situant son roman dans la trépidante vie parisienne, Delphine de Vigan ajoute aux violences vécues, l’image de la vie urbaine privée de communication et de douceur.
Un roman qui m’a révolté et passionné, surtout en ce qui concerne la violence du monde du travail .Un sujet d'actualité dans ma vie de tous les jours.