La première phrase donne le ton du livre.
« Mon mari est mort, ma vie s’est effondrée. »
Dans ce récit autobiographique, l’auteur nous confie la difficulté de reprendre goût à la vie après la disparition brutale de son conjoint.
A l’annonce du décès la veuve perd tous ses repères, elle réclame le secours de ses amis pour assumer cette réalité. Elle refuse d’accepter cette situation et se sent coupable du décès de son conjoint. Face à sa solitude et au vide provoqué par cette séparation, elle n’imagine qu’une seule solution le rejoindre dans le suicide.
Joyce a choisi de se battre contre ses idées noires, ce spleen qu’elle nomme le Basilic. Elle reprend rapidement sa vie professionnelle et passe beaucoup de temps avec ses amis.
Mais elle doit accepter d’être veuve, remercier pour les manifestations excessives de condoléances, adapter sa conduite à son nouveau statut.
Malgré l’immense tristesse de cet évènement Joyce Carol Oates analyse de façon positive la mise en place du deuil, en exprimant la difficulté de surpasser son chagrin mais en attestant qu’il peut y avoir un après, sans détruire les souvenirs du passé.
« Ray a les yeux fermés, le visage terreux et flasque, on a retiré la perfusion de son bras droit meurtri, il n’y a plus de moniteur d’oxygène, plus de moniteur cardiaque, un silence règne dans toute la pièce. Les paupières de ray ne frémissent pas quand j’entre, ses lèvres n’ébauchent pas de sourire. Je n’entends pas son bonjour chérie ! Je prononce son nom, je l’implore comme pourrait le faire un enfant « oh chéri que t’es t’il arrivé ? Chéri ? Chéri ?
Car Ray paraît si vivant, aucune angoisse, aucune tension ne déforme son visage, son visage est détendu, lisse, ses cheveux ne sont pas dépeignés. »
Je voulais lire Joyce Carol Oates et c’était le seul livre de cet auteur présent dans ma petite librairie, j’ai donc considéré qu’il m’avait choisie.
Pour une femme cette lecture est difficile car on ne peut pas éviter de se représenter dans cette situation, inacceptable quand on est très attaché à son conjoint, mais l’auteur aborde ce cheminement avec son talent d’écrivain et ses confidences amènent une réflexion la vie de couple parfois trop fusionnelle.